Avis important sur les noyés

 

 

On étouffe souvent les Noyés en les suspendant par les pieds, en les faisant rouler sur un Tonneau, ou en les exposant à un très grand feu.

Il faut retirer promptement le Noyé de l'eau, le sécher & le frotter avec des linges chauds, puis vous l'étendrez tout nud sur un lit, où vous aurez auparavant répandu quatre travers de doigt de cendres. Il faut des cendres neuves, qui n'ayent pas servi à la lessive, que vous aurez tamisées & fait chauffer jusqu'à ce qu'elles soient tièdes. Vous lui couvrirez tout le corps de quatre doigts des mêmes cendres, & la tête & le cou d'un bonnet & d'un mouchoir garnis aussi de cendres, ne lui laissant que le visage à découvert.

Le sel marin pilé en poudre fine, & tout sel provenant des cendres de plantes, comme la soude ou la potasse, agiroient encore plus promptement & plus efficacement que les cendres ; mais celles-ci suffisent, parce qu'on en trouve par-tout plus commodément. Dans les campagnes désertes, au défaut de cendres & de sel, on pourra couvrir le Noyé de sable de mer ou de rivière, échauffé par le soleil ou par des broussailles brulées sur ce sable.

Si le Noyé après environ une heure de temps ne donne aucun signe de vie, il faut le seigner à la jugulaire, tacher de le faire vomir avec de l'huile mêlée avec de l'eau tiède ; lui mettre dans la bouche un grain de sel, du vin, de l'eau de vie, ou autre liqueur spiritueuse ; lui donner des lavements de fumée de tabac. S'il ne revient pas après tous ces secours, c'est qu'il a reçu en se noyant quelque coup mortel, ou qu'il a été retiré trop tard de l'eau, mais vous aurez fait tout ce qu'inspire l'humanité, & vous n'aurez rien à vous reprocher.